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Quelques liens, et une analyse rapide.

Brefs rappels importants

1) Alain de Benoist est un compilateur. Il mélange tout et son contraire, sans aucune rigueur herméneutique : Gustave Le Bon, Levi Strauss, idéologie völkisch, anarchisme antisémite, sexiste et homophobe (Proudhon), etc. Il n’a jamais eu la moindre idée originale.

2) Alain de Benoist voudrait impressionner par l’étendue de sa mémoire. Il se contente de piller les auteurs, pour les paraphraser platement. On parlera ici légitimement de bêtise savante, ou d'idiotie rationnelle. A. de Benoist est un singe savant qui épate la galerie (des dupes et des dupés).

3) Alain de Benoist se dit cosmopolite, mais il défend d'abord, via son "ethno-différentialisme", le droit qu'aurait l'Europe blanche traditionnelle d'envahir et de détruire, conformément à sa "tendance invasive" naturalisée. Il défendit, en toute "cohérence", l'Algérie dite "française", et l'apartheid en Afrique du sud. Son pseudo-cosmopolitisme est donc bien un racisme. 

 

4) Alain de Benoist pourrait sembler critiquer le nationalisme français, au nom d'un principe européen "pugnace". Mais il participa au GRECE avec des héritiers de l'Action française (et des nostalgiques du pétainisme et de la collaboration), et son "européanisme" est structurellement un nationalisme français dialectisé. 

 

 

 

 

Analyse brève :

Comme on le comprend dans le texte Au-delà des droits de l'homme, Alain de Benoist réchauffe des pensées "éminentes" (Hegel et sa critique de l'universel abstrait, Nietzsche et sa Généalogie de la morale, Marx et sa question juive) pour les mutiler et les simplifier à l'extrême. Hegel ne critique pas l'universalisme en soi, mais bien l'universel abstrait (certitude sensible, Phénoménologie de l'esprit), qui donne lieu à une indifférenciation de la pensée ; mais c'est pour mieux réhabiliter l'universalité concrète (éthicité) ; néanmoins, on notera qu'il y a une dimension profondément antisémite chez Hegel dans cette critique de l'universel abstrait, et c'est bien cette dimension que de Benoist récupérera.

Marx critique le formalisme des droits de l'homme, mais il y a aussi un universalisme concret de Marx (internationalisme), ainsi qu'un authentique humanisme du jeune Marx. Néanmoins, il y a aussi une potentialité antisémite chez le jeune Marx (qui disparaîtra ensuite), et c'est bien cet aspect qui intéresse de Benoist.

 Nietzsche critique l'atomisme de l'âme "judéo-chrétien", donnant lieu à l'idée abstraite d'Homme en soi, mais il ne faut pas oublier qu'il y a aussi un humanisme de Nietzsche, grand admirateur de Voltaire, et surtout un anti-nationalisme fervent du dernier Nietzsche. Néanmoins, il existe un antisémitisme "métaphysique" de Nietzsche, et c'est cette dimension qu'exploitera de Benoist (cf. Généalogie de la morale I, 7).

De toute façon, il est totalement absurde de critiquer l'universalisme "en général" (ou encore la subjectivité "en général"), ou de se dire "au-delà des droits de l'homme". Cela relève précisément d'une pensée abstraite, essentialisante, qui précisément prend racine dans le paradigme tardivement chrétien que prétend dénoncer Alain de Benoist. C'est pourquoi ce sinistre personnage n'est en fait qu'un idéologue, qui tort la signification des textes  pour diffuser son petit message fascisant et nationaliste (nationalisme "européen"). Il est en outre très habile pour exploiter le potentiel discriminant (antisémite) de tels textes.

Alain de Benoist, qui a soutenu par le passé l'Algérie "française" et le régime d'apartheid en Afrique du sud, est certes tout à fait cohérent lorsqu'il prétend nous libérer d'une forme de morale : en effet, lui-même étant une ordure notoire, un type absolument infréquentable soutenant les pires horreurs dans le monde, il va de soi qu'il ne saurait être traversé une seule seconde par l'éthicité concrète. Sur ce point, la démarche est donc compréhensible. Mais il oublie aussi que Sade a pour maître spirituel Kant lui-même : l'immoraliste doit retenir la leçon du plus grand moraliste pour satisfaire ses pulsions (bonheur et vertu sont déconnectées) ; si bien que celui qui prétend se libérer de la morale (le "libertin" par exemple) reste sous la tutelle constante du moraliste, dans la mesure où c'est le moraliste qui a posé pour lui le diagnostic critique.

Il se trouve que ce Kant "moral" est d'ailleurs aussi antisémite.

A ce sujet, ces deux citations de Kant sont éloquentes :

« La foi juive est, d’après son institution primitive, un ensemble de lois uniquement statutaires sur lequel était établie une constitution d’Etat ; quant aux compléments moraux qui lui furent ajoutés déjà à cette époque, ou même par la suite, ils ne relèvent nullement du judaïsme comme tel. Celui-ci, à vrai dire, n’est pas une religion, il est simplement constitué par la réunion d’une foule de gens qui, appartenant à une même souche particulière, formèrent un Etat commun, sous des lois purement politiques et en aucune façon par conséquent une Eglise ; ce devait être bien plutôt un Etat temporel en sorte qu’à cet Etat, au cas où il se trouverait morcelé par la suite du hasard des circonstances contraires, il restât néanmoins la foi (qui en était partie intégrante) en son rétablissement futur (à l’apparition du Messie) »

Kant, La religion dans les limites de la simple raison, Paris, Vrin, 2010 ; p. 214

 

« Les Palestiniens qui vivent parmi nous en sont venus, à cause de l’esprit d’usure qu’ils ont acquis depuis leur exil, et pour la plus grande masse, à obtenir une réputation de tromperie qui n’est pas sans fondement. Certes il semble singulier de se représenter une nation de trompeurs ; mais il n’est pas moins singulier d’imaginer une nation faite exclusivement de marchands, donc de loin la plus grande part, à cause d’une antique superstition reconnue par l’Etat où ils vivent, qui ne cherchent pas d’honneur civil, mais veulent compenser cette perte par les avantages de la supercherie exercée vis-à-vis du peuple qui leur donne asile, et même les uns vis-à-vis des autres ».

 

Note 1 : un écrivan néo-nazi

 

Alain de Benoist a participé régulièrement (de 1980 à 1992) à l'émission Panorama sur France Culture. Il intervient aujourd'hui encore régulièrement sur la radio (cf lien ci-dessous).
Ce co-fondateur du GRECE, ancien défenseur de l'Algérie dite "française", et de l'apartheid en Afrique du sud, progresse aujourd'hui comme une peste brune, et il se trouve qu'il est accueilli à bras ouverts par certains médias.
Il fut aussi accueilli à science-po Paris récemment, ce qui est plus qu'effrayant. Il faudrait empêcher ces idéologues radicalement racistes d'intervenir sur la place publique. Car leurs mots ne sont pas que des "mots" : ils sont des incitations à la haine et au meurtre.
Le fascisme n'annonce jamais quand il arrive, et un jour il est là, et le désastre s'enclenche.
 
On notera aussi qu'Alain de Benoist a été le "nègre" d'un monumental ouvrage sur "l'Art nazi".
Il suffirait de chercher à "MORTIMER G. DAVIDSON", l'auteur présumé du livre en quatre volumes KUNST IN DEUTSCHLAND (1933-1945) ( GRABERT Verlag).
Alain de Benoist aurait affirmé que c’était une commande qui lui aurait permis de financer la revue Krisis (Marcel Gauchet a publié récemment dans son autre revue, Eléments).

Note 2 : la vedette indigente "Onfray" a reconnu récemment que de Benoist aurait des "idées justes". Il pourfendait en août 2017 dans le Point l'antisémitisme (en ayant des propos favorisant l'islamophobie), mais cela ne l'empêche pas de soutenir un antisémite notoire, fasciné par "l'Art nazi".

 

Remarque : fin 2017, un ouvrage d'Onfray est sur la liste officielle des lectures conseillées aux membres du FN ("Houllebecq, éducateur"). La fascisation d'Onfray est maintenant officielle.

Note 3 : Alain de Benoist a proposé, avec Douguine, en 1991, un colloque à la Sorbonne. 

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