Renaud Camus a commencé par développer des thèmes antisémites ; sa paranoïa liée à "l'islamisation de la France" arrive après coup ; de ce fait, cette figure d'extrême droite devient un "cas d'école" intéressant pour renvoyer dos à dos antisémitisme et racisme anti-musulmans (si des individus peuvent être indistinctement antisémites et racistes anti-musulmans, alors il devrait être possible de dénoncer ces deux attitudes, indistinctement) ; la logique "identitaire", ou la logique d'ethnicisation des rapports de pouvoir ou de domination (qu'elle soit antisémite, antimusulmane, xénophobe, etc.) restant une logique profondément conservatrice, qui veut faire oublier les divisions matérielles pour maintenir les rapports de production existants, on verra que Renaud Camus, en tant que conservateur, a très bien compris cela, et qu'il devra donc être antisémite et anti-musulmans, simultanément.
Renaud Camus aurait pu être "l'avenir de l'extrême droite", qui est divisée entre racistes anti-musulmans plutôt "pro-gouvernement israélien" (les ultra-nationalistes se rassemblent), donc plus discrètement antisémites, et antisémites qui se rapprochent des régimes "islamistes" à tendance totalitaire (Iran), donc moins explicitement racistes anti-musulmans. Renaud Camus aura compris que, ce qui fait l'extrême droite, c'est aussi un conservatisme au niveau économique, et qu'il s'agit donc, pour maintenir les rapports économiques existants, de développer des logiques identitaires qui n'excluent aucune forme de racisme, mais qui les contient toutes.
Le principe de la valeur est le principe de la dissociation (la valeur qui s'accumule, au niveau de l'économie capitaliste, a pour contenu empirique humain la figure de l'homme masculin blanc, mais, en tant qu'universel abstrait, sa logique s'applique à la totalité des individus) ; la logique de la valeur est donc une logique dissociatrice qui s'appuie à la fois sur des formes patriarcales (dissociation sexuelle) et sur des formes racistes (dissociation coloniale-raciale). De ce fait, l'agent du système (ici, un intellectuel) qui défendra la logique de la valeur ne devra renoncer à aucune forme de racisme ou de discrimination. Renaud Camus, en développant, sans distinction, diverses formes de racismes habituellement antagonistes, nous permets de dévoiler le projet du racisme en général, actuellement : il reste une défense du système de la valeur accumulée (capitalisme) compris comme totalité, c'est-à-dire comme totalitarisme dissociateur. Les "identitaires" cohérents, qui défendent aussi une forme fantasmée de "capitalisme éternel", ne renoncent à aucune forme de racisme.